Alors ça y est, l'alliance de Laurent Wauquiez avec les maires ruraux lors du congrès de l'Association des maires ruraux de France du week-end dernier serait criminelle, anti-démocratique. Il faut respecter sans sourciller le sacro-saint ZAN quand bien même il plombe l'avenir des territoires ruraux... et continue par contre de garantir le développement des métropoles. Quelques réflexions pour remettre les pendules à l'heure :
Les maires ruraux ne demandent pas de bétonner la ruralité, soyons sérieux ! Ils demandent simplement à ce qu'on sorte d'une vision devenue figée et asymétrique de l'aménagement du territoire : vous êtes gros, vous aurez le droit de continuer de grossir, vous êtes petit, vous devez rester petit. Toute l'histoire de l'urbanisme et de l'aménagement montre que certaines villes ont connu des déclins, tandis que des villages se peuplaient rapidement emmenés par des entrepreneurs, un maire charismatique (et inversement bien sûr). Le développement ne doit pas être empêché a priori (c'est pourquoi le droit à l'hectare n'est qu'un pis aller), c'est l'équilibre global qui doit être maintenu.
Les maires ruraux disent simplement qu'à l'heure où une renaissance rurale a bien lieu (utiliser un mot trop fort, l'exode urbain, pour la nier est un artifice des tenants de la métropolisation forcée), qu'à l'heure où un nouveau sondage Familles Rurales 2023 indique (comme en en 2018) que pour 80 % des Français, vivre à la campagne est le mode de vie idéal, le fait que seules les villes et secondairement les bourgs-centres aient désormais des droits à construire est proprement scandaleux et contre-productif. Que les villes appliquent le ZAN, autant que les ruraux !
Les maires ruraux veulent simplement rappeler qu'ils peuvent aussi contribuer au ZAN par des capacités de rénovation importantes : il y a aussi des friches industrielles, d'anciens bâtiments agricoles, des dents creuses en ruralité. Les tenants de la métropolisation forcée s'empressent d'oublier ces possibilités.
En réalité, des moyens considérables sont mis désormais dans les villes pour dépolluer les sols, démolir et reconstruire très haut. Les maires ruraux demandent simplement à ce que des bailleurs sociaux, mais aussi les départements (comme le Nord) et les régions viennent aussi investir en ruralité pour aider à la rénovation et donner des opportunités. Ils demandent une part de gâteau, c'est tout !!!
Les maires ruraux se demandent si la France doit être sûre et convaincue de densifier ses villes, quand les risques d'insécurité, de santé, de qualité insuffisante du cadre de vie... y sont réels, alors même que la mixité sociale est, elle, bien réelle en campagne et non pas un mythe seulement rêvé.
Mais pardon, j'ai opposé encore une fois villes et campagnes, je mérite d'être vilipendé par les tenants de la métropolisation forcée, qui seuls ont le droit de décider pour les villes et les campagnes...
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