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La nouvelle définition de la ruralité validée par le Comité interministériel des ruralités (CIR) le 14 novembre 2020 est passée un peu inaperçue. Pourtant, c'est une petite révolution...
(1)Jusqu'ici prévalaient des définitions très extensives de la ruralité. Le zonage en unités urbaines (2) conduisait ainsi à classer les 3/4 de la population comme urbaine.
Le zonage en aires urbaines (3) de 2010 faisait encore mieux, puisqu'avec lui l'INSEE concluait en 2011 que 95 % de la population de la France vivait sous l'influence des villes. L'INSEE définissait donc la ruralité en creux, avec ce terme fort peu élégant : « communes isolées hors influence des villes » ! Le géographe Gérard-François Dumont, a parlé à cet endroit, de « meurtre géographique », le journaliste Pierre Bonte de « territoires d’outre-ville ».
Mais le CIR du 14 novembre dernier a donc donné une nouvelle définition, d'après une méthodologie de l'INSEE (mais oui, vous ne rêvez pas !) inspirée il est vrai de la méthodologie Eurostat beaucoup plus réaliste et proche de la perception qu'a un habitant du rural. Cette définition s'attache enfin au critère de la densité de population (4). Sont ainsi considérées comme rurales les communes peu denses et très peu denses : cette fois 21,9 millions d'habitants, le tiers de le population française vit dans plus de 30 775 communes rurales.
Il reste à S'EMPARER DE CETTE NOUVELLE DÉFINITION pour qu'elle dirige les politiques d'aménagement du territoire (santé, mobilité, infrastructures de transport, équipements publics, numérique...) et les subsides de rééquilibrage (Dotation d'équipement des territoires ruraux, Dotation de soutien à l'investissement local, Dotation globale de fonctionnement, Dotation de solidarité rurale, Fonds national d'aménagement et de développement du territoire...). Il n'y aura pas trop du Parlement rural, de l'AMRF, de l'ANNR, etc pour ce faire... car, en même temps, l'incorrigible INSEE, qui joue double jeu, a publié une étude (5) où elle évoque désormais un zonage en aires d'attraction des villes (93 % de la population française !...) (6)...
(2) Unité urbaine = communes ou ensemble de communes à zone bâtie d'au moins 2 000 hab. avec moins de 200 m entre chaque habitation.
(3) Aire urbaine = ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain (unité urbaine-)de 1 500 emplois minimum et par des communes rurales dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci.
(4) Les carreaux de 1km² dont la densité est supérieure ou égale à 300 hab/km² sont considérés comme "denses". Des mailles "denses" sont alors construites par agrégation de carreaux contigus du même type. Une maille dense correspond alors à un agrégat de carreaux dont la population est supérieure ou égale à 5 000 habitants. Les carreaux qui n'appartiennent pas aux mailles denses sont considérés comme "peu denses".
(6) Gérard-François DUMONT. La ruralité à demi ressuscitée en France. Population & Avenir n° 751, janvier-février 2021, p. 3U
Merci pour cet éclairage. Ne pas ignorer cependant qu'avec le développement du télétravail, de nombreux territoires pourtant éloignés des métropoles pour "bénéficier" du phénomène "dortoir" se sont malgré eux retrouvés sous l'influence "relative" de pôles d'emploi... Mais ce constat est valable pour les Métropoles sous l'influence de Paris, les Agglomérations sous l'influence des Métropoles et ainsi de suite... Même en territoire ultra isolé, l'arrivée d'actifs autorisé à pratiquer du 100 % distanciel est observée. Alors cet Exode Rurale même si elle peut sembler marginale peut néanmoins donner l'impulsion nécessaire à la survie de certains villages.